Bonjour à toutes et à tous,
Bientôt Halloween, parler du cabaret l’Enfer me paraît donc opportun ..
L’Enfer a été fondé en novembre 1892 par Antonin Alexander, dit « Antonin ». Il était jumelé avec le Cabaret du Ciel et partageait le même numéro du Boulevard de Clichy. Antonin Alexander était le créateur, le directeur et l’animateur des deux cabarets jumeaux.
Situé au pied de la butte Montmartre, dans le 18e arrondissement de Paris.
Le Cabaret de l’Enfer était un cabaret à thème qui n’accueillit qu’épisodiquement des chansonniers. Il ouvrit d’abord ses portes en 1892 au numéro 34 du Boulevard de Clichy. Mais trois ans plus tard, Antonin le transféra dans un ancien marché couvert, au numéro 53 du même boulevard où il restera plus d’un demi-siècle.
Le numéro 34 est alors repris par un rival :
L’illusionniste Dorville, et son administrateur, Roger, qui ouvrent un « cabaret macabre », le Cabaret du Néant, autre cabaret à thème, mais qui se spécialise dans les « évocations d’outre-tombe » particulièrement sinistres, tandis que le Cabaret du Ciel propose joyeusement des « illusions mystiques » et le Cabaret de l’Enfer, des « trucs magiques.
Selon Jules Claretie, « les Cabarets du Paradis et de l’Enfer offraient un spectacle qui « ne différait pas essentiellement de celui des baraques de la fête de Neuilly. [C’était] la même exhibition de trucs illusionnistes produits par des combinaisons de miroirs et de jeux de lumière. Mais l’orgue [ajoutait] sa musique mystérieuse à ces tableaux rapides ». L’atmosphère était joviale, et Antonin – ancien professeur de lettres, assure Claretie – entretenait la bonne humeur et donnait le ton par les discours humoristiques qu’il prononçait déguisé soit en grand saint Pierre, soit en Méphistophélès.
Il en allait tout autrement du Cabaret du Néant « où l’ironie sinistre, cette fois, se jouait non plus des anges ou du diable, mais des hommes, des mortels et de la mort ». Dans leur Montmartre, Renault et Château soulignent cette différence critique: « si le Ciel et l’Enfer dirigés par l’aimable M. Antonin méritent une visite, il n’en est pas de même du Néant, fréquenté par les hystériques et les névrosés; M. Dorville est le propriétaire fondateur de ce cabaret de la Mort où à l’aide de glaces l’on fait assister le consommateur au travail de décomposition trans mortem, les tables sont des cercueils, les consommateurs des macchabées, les garçons des croque-morts et le reste à l’avenant ».
Dans les années 1920, les Surréalistes regroupés autour d’André Breton se réunissaient quelquefois à L’Enfer. L’atelier de Breton occupait en effet le quatrième étage au-dessus du cabaret.
En 1950, quelques années après la Libération de Paris, le Monoprix qui jouxtait L’Enfer depuis 1934 racheta les deux cabarets d’Antonin pour les abattre, y décaler sa devanture et s’agrandir. Le Monoprix occupe actuellement toute la longueur du rez-de-chaussée entre l’angle avec la Rue Pierre-Fontaine et le numéro 51. L’entrée est située où se trouvait autrefois L’Enfer.