Bonjour à toutes et à tous,
Je vais vous parler aujourd’hui de Nellie Bly. C’est une journaliste Américaine et elle a été la première à faire le tour du monde plus vite que le héros de Jules Verne.
Biographie de Nellie Bly (Elizabeth Cochrane)
Elizabeth Cochrane est née en Pennsylvanie en 1864 et est morte à New-York en 1922.
Elle perd son père à l’âge de six ans. Il avait épousé sa mère Mary Jane en secondes noces. Celle-ci se remaria pour divorcer peu après. Elle a eu cinq enfants. Elizabeth est destinée à devenir demoiselle de compagnie ou gouvernante mais elle refuse ce destin. Elle choisit d’écrire des poèmes et des récits à seize ans. En 1880, elle part pour Pittsburgh chercher du travail.
Elle écrit au rédacteur en chef George Madden une lettre virulente signée « L’orpheline solitaire » en réaction à une rubrique sexiste du journal Pittsburgh Dispatch (« Ce à quoi sont bonnes les jeunes filles »). Cette lettre, particulièrement bien tournée et caustique, incite Madden à lui offrir un poste au journal. La condition, qu’elle écrive un article qui lui plaît.
Quelques jours plus tard, elle lui amène celui-ci article qui est consacré à la famille, au divorce et aux enfants. Elle est alors engagée et choisit son pseudonyme, Nellie Bly, d’après une chanson très connue de Stephen Foster, pour protéger sa famille des critiques.
Elle devient journaliste d’investigation
Lors de son premier reportage, en 1880, Nellie Bly raconte la vie d’ouvrières d’une fabrique de conserves. Leurs conditions de travail sont très difficiles, dans le froid, la saleté et le danger. Grâce à ce reportage et ses photographies, les ventes du Pittsburgh Dispatch explosent. Elle peut alors rapidement choisir le sujet de ses articles. Elle se concentre principalement sur les conditions de vie du monde ouvrier.
Malheureusement, les industriels mettent la pression au journal. Madden lui demande donc de ne s’occuper que des articles théâtraux et artistiques. Néanmoins, elle finit par le convaincre de revenir à ce qui lui tient à cœur, le monde ouvrier. Elle va se fait embaucher dans une tréfilerie et écrit « de l’intérieur ». C’est le premier reportage du genre, déclenchement du journalisme d’immersion et d’investigation. Le reportage fait sensation mais Nellie Bly est à nouveau forcée par les industriels à revenir aux articles sur les théâtres.
Elle part en voyage avec sa mère au Mexique et visite plusieurs villes en 1886. Elle fournit au journal des articles sur la vie culturelle et artistique, mais aussi sur les mœurs, les coutumes et la politique du pays. Nellie Bly note aussi précisément que possible ses observations car elle découvre que les Américains ont une image très faussée des Mexicains. Elle fait également une description assez drastique des mœurs publiques. A cause de cela, elle fait expulser du Mexique. Nellie Bly en tire son premier livre en 1888, « Six months in Mexico ».
Sa vie à New York
Nellie Bly quitte le Dispatch en 1887 et se rend à New York. Elle pose sa candidature au New York Tribune, au New York Times et surtout au journal à sensation, le New York World. Ce dernier appartient à Joseph Pulitzer. Il la recrutera après qu’elle ait semé le trouble dans ses locaux.
Pulitzer lui promet un contrat si elle parvient à s’infiltrer dans un asile. Elle accepte et se fait passer pour malade, s’invente des problèmes psychiatriques afin d’être internée. à l’asile de fous pour femmes, le Blackwell’s Island Hospital à Roosevelt Island. Elle s’entraînera pendant une nuit. L’illusion est parfaite et tous les médecins la déclarent folle et jugent qu’il faut l’interner. Elle y restera dix jours. Le reportage fait scandale et sera à la une de tous les journaux. Nellie Bly y dévoile les conditions abominables des patientes et les horreurs des méthodes utilisées. Grâce à cela, les pratiques de ces établissements vont radicalement changer. Elle publie son aventure en 1887 sous le pseudonyme de L. Munro » Ten Days in a Mad-House « . Une bande dessinée de Virginie Ollagnier et Carole Maurel raconte son histoire :
Ce mode de journalisme, le reportage clandestin, devient sa spécialité.
En 1887, John Cockerill, administrateur du New York World, lui demande d’écrire un article sur le trafiquant Edward Phelps. Elle se déguise et entre dans son entourage. Phelps et plusieurs hommes politiques passeront en justice après le reportage, mais aucun n’a été condamné.
En 1889, elle publie un roman, « The Mystery of Central Park ».
Son voyage
En novembre 1889, Jules Chambers, rédacteur en chef du journal, lui demande d’entreprendre l’idée qu’elle avait émise à l’automne précédent. Elle n’avait alors pas reçu de soutient du financier du New York World car elle est une femme. Elle se lance donc seule sur les traces de Phileas Fogg et va faire le tour du monde!
Elle va parcourir 40 070 kilomètres. Son voyage débute à Hoboken (New Jersey) le 14 novembre 1889, à 9 heures 40 pour le terminer le 25 janvier 1890. Il a duré 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes, le record de l’époque.
Nellie Bly montera d’abord à bord de l’Augusta Victoria de la Hamburg American Steamship Line, au port de Hoboken. Elle arrive à Southampton (Angleterre) le 20 novembre. Tracey Graves, le correspondant du New York World l’y accueille. Il lui apprend qu’une rencontre organisée par Robert Sherard, journaliste du New York World à Paris, est prévue avec Jules Verne à Amiens. Elle prend le train pour cette ville et y arrive le 22 novembre à 16 heures. Jules Verne et sa femme Honorine l’accueillent avec enthousiasme. Robert Sherard est là aussi et servira d’interprète. Elle est reçue dans le bureau de Jules Verne qui la trouve jeune, jolie avec une physionomie infantile. Puis elle rejoint rapidement son train et atteint Calais de justesse pour prendre le train qui l’emmène à Brindisi en Italie.
Passant par le canal de Suez (Egypte), elle traverse la mer Rouge jusqu’à Colombo au Sri Lanka. Elle y arrive le 14 décembre. Le 18, elle est à Singapour en Malaisie. Elle envoie des articles sur les lieux traversés. Ils obtiennent un succès prodigieux. Elle y étudie les us et coutumes mais aussi l’extrême pauvreté rencontrée.
Des paris, comme pour le voyage de Phileas Fogg, sont ouverts aux États-Unis.
Une autre journaliste, Elisabeth Bisland, a été envoyée par le Cosmopolitan Magazine pour la battre. Nellie Bly l’apprend quand elle est à Hong Kong. Le 3 janvier 1890, elle s’arrête à Yokohama où elle peut lire son interview avec Jules Verne, en japonais. Le 7 janvier elle embarque sur le rapide vapeur Oceanic de la White Star Line et elle rejoint San Francisco le 20 janvier.
Pulitzer affrète des trains spéciaux pour son retour à travers les États-Unis. Elle arrive en gare de Jersey City le 25 janvier 1890 à 15 heures 51. Sa première est : « Je suis contente d’être de retour à la maison » (I am glad to be home again).
Le jour même, Jules Verne reçoit une dépêche pour l’informer de la réussite du voyage. Il répond dans l’Écho de la Somme : « Amiens, 25 janvier
Jamais douté du succès de Nellie Bly, son intrépidité le laissait prévoir. Hourra ! Pour elle et pour le directeur du World ! Hourra ! Hourra ! »
Nellie Bly raconte son tour du monde dans le livre, devenu un classique de la littérature journalistique, « Le Tour du monde en 72 jours« .
Voici le jeu de l’oie qui retraça son voyage, il a été publié par le New York World le 26 janvier 1890, le jour de l’arrivée de Nellie Bly.
Après le voyage, le reste de la vie de Nellie Bly
Après tant d’aventures, elle teste l’alcool et de la drogue.
Puis le 5 avril 1895, Nellie Bly épouse le millionnaire Robert Seaman, rencontré lors d’une réception à Chicago. Elle s’éloigne alors du journalisme. Après la mort de son mari en 1904, elle prend la direction de son entreprise de bidons en métal. Elle finance le dépôt de brevet de Henry Wehrhahn et elle est aussi l’inventrice d’autres objets fabriqués par l’entreprise.
Elle va instaurer de nombreuses réformes dans son entreprise : salaire journalier, investissement dans des centres de loisirs, des bibliothèques pour les ouvriers, etc… Les malversations de son directeur d’usine et son ignorance des affaires vont provoquer la faillite de l’usine .
Elle retourne au Royaume-Uni car elle est poursuivie par ses créanciers. Elle prend contact avec le New York Evening Journal et devient correspondante de guerre bénévole lors de la Première Guerre mondiale. Nellie Bly republie sous ce pseudonyme qu’elle avait abandonné lors de son mariage.
Après la guerre, de retour à New York, elle reprend ses articles sur le monde ouvrier, sur l’enfance et œuvre pour le droit de vote des femmes.
À l’âge de 57 ans, elle meurt le 27 janvier 1922 d’une pneumonie. Elle est inhumée au cimetière de Woodlawn dans le Bronx. Le lendemain de sa mort paraît un article sur la meilleure journaliste d’Amérique.
Sources : France Inter, Wikipédia et Babelio