Bonjour à toutes et à tous,

J’habite et je crée à Ivry sur Seine. J’ai donc décidé de partager son histoire de la fin du XIXème siècle.

Je vais commencer aujourd’hui par la manufacture des Orgues, devenue une chocolaterie, puis l’école maternelle de ma fille.

L’installation de la manufacture des Orgues Alexandre

En 1789, un château seigneurial est construit là où le collège Henri Wallon se trouve aujourd’hui. La famille Alexandre achète le château en 1855. Cette famille fabrique des orgues et des instruments de musique. Dès 1829, Jacob Alexandre fonde à Paris une manufacture d’accordéons et d’harmonicas. On y fabrique progressivement des orgues expressifs pour « églises et salons » à destination du grand public. Le succès est phénoménal. Le monde entier reconnait la qualité des instruments. La famille Alexandre fait construire à Ivry-sur-Seine une grande manufacture et une cité « idéale » de logements réservés à ses ouvriers. Le site est proche de Paris et de grands axes de communication. Il se révèle avantageux pour installer la manufacture.

Une gestion paternaliste

La famille Alexandre met en place une véritable gestion paternaliste de l’entreprise. L’ingénieur-architecte Ferdinand-Félix Le Blanc (1822-1905) dessine les plans de la « colonie ». Il choisi de la construire dans l’ancien parc du château. Une douzaine de blocs d’habitations, totalisants 38 logements avec jardins, constituent la cité ouvrière. Les contremaîtres habitent dans les pavillons les plus vastes et les ouvriers dans les plus petits. Une caisse de secours vient en aide aux ouvriers et un médecin travaille à plein temps à l’usine. En 1860, le salaire des ouvriers de la manufacture s’élève de 12 à 20 francs par jour. (contre 6 à 7 francs en moyenne habituellement) Le chroniqueur de la révolution industrielle Julien Turgan cite la manufacture comme un exemple à suivre. Ses contemporains la considèrent comme une « nouvelle source de prospérité pour cette partie de la commune d’Ivry quelque peu abandonnée ».

La manufacture

L’usine est construite sur trois étages. Un bâtiment central, deux ailes et une grande cheminée la composent. Julien Turgan vante son gigantisme et sa beauté. Grâce à son architecture classique et son pavillon central surmonté d’un fronton et d’une horloge, elle est considérée comme un véritable « château-usine ». Durant ses années fastes, 1000 ouvriers y travaillent. En 1865, Julien Turgan décrit les accordeurs d’anches comme des « artistes émérites » dotés de « grâces d’état pour accomplir ce travail si méticuleux ». En 1881, alors que la société commence à péricliter, on dénombre encore dans la cité jusqu’à un millier d’ouvriers. Les menuisiers, pianistes, clavistes, ébénistes, mécaniciens, vernisseurs et facteurs d’orgues y sont encore nombreux.

La fin des orgues

Les orgues Alexandre sont au XIXe siècle une marque de réputation internationale. De 1843 à 1914, la production est de plus de 50 000 instruments de tous modèles. Ils exportent le tiers environ. En 1882, Jacob Alexandre, le fondateur de la compagnie des orgues Alexandre meurt. Ses descendants déplacent la manufacture d’Ivry dans les locaux du 90 rue Victor Hugo. Les appareillages électriques Edison rachètent l’usine en 1882. Ils produisent des fournitures pour installer l’électricité jusqu’en 1897. Ensuite, Jean-Jules Gosselin, issu d’une famille ivryenne, achète le château et le fait démolir pour construire des lotissements.

La Chocolaterie Vinay 

En 1897 le chocolatier Pierre Vinay achète la manufacture et y installe sa chocolaterie-confiserie. Il fabrique du chocolat en barre, des dragées, des confiseries, des gommes et des pastilles. La manufacture livre sa production partout en France. La proximité du marché parisien aidant, plusieurs chocolatiers se sont installés à Ivry. De nombreuses Ivryennes ont travaillé à la chocolaterie Vinay. L’une d’elles témoigne : « On était tout le temps dans la poussière. L’hiver, il n’y avait pas de chauffage. Je travaillais au grenier, éclairée simplement par les lucarnes, à la préparation de boules de chocolat pas chères »Dès son ouverture, une odeur persistante de chocolat flotte dans le quartier. L’usine rejette aussi d’épaisses fumées dont les riverains se plaignent. En 1932, une loi est votée pour tenter de lutter contre les fumées industrielles. De nouvelles chaudières sont installées, mais le problème persiste jusqu’à la fermeture de l’usine.

La fin de la page industrielle

En 1959, la chocolaterie ferme définitivement ses portes. Un foyer d’immigrés maliens occupe les bâtiments de 1969 à 1970. Dans les années 1970, les bâtiments sont condamnés et interdits au public et l’usine devient une friche industrielle. La municipalité acquiert l’ancienne manufacture et son terrain en 1976. On détruit entièrement les bâtiments et la construction de l’école maternelle Gabriel Péri et du collège Henri Wallon a lieu en 1982.

Source : http://cabinetdecuriosites.ivry94.fr et https://fr.wikipedia.org

Auteur Solenne

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